Enfin là!

Bon, si Geran a faim, ce sera la cuisine alors. Vous pourrez vous réchauffer en mangeant.

Poussant la porte, elle la guide dans une pièce bien éclairée, au feu s'endormant du fait de leur absence au village. Le soleil se réfléchissait dans la neige, renforçant la luminosité des lieux.
Elle tire une chaise distraitement près du foyer, les laissant s'installer.

Bon alors. Depuis quand vous avez pas mangé? Sincèrement.

Elle se plante devant sa soeur, son regard dans le sien sans ciller. Sans colère mais ferme et n'admettant ni mensonge ni omission.

Et mon p'tit bout d'amour? Il mange quoi maintenant? Et toi? Tu veux quoi? Et on se dépêche d'être honnête pour que j'active le feu et que je mette les gamelles en route. Je crève de faim moi!

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Elle retire doucement la couverture enroulée autour de son fils accueillant cette délivrance avec grande satisfaction. Il montre le sol des mains, voulant galoper à quatre pattes comme il avait pris l'habitude de le faire ces derniers temps. Face au regard de sa soeur, elle détourne la tête, gromellant à son fils de se tenir tranquille.

Combien de temps... ? Ben euh... Hum... Geran est à la bouillie... et moi... pareil que toi, n'importe quoi... Légumes, viandes, poissons, n'importe je n'ai pas très faim...

Elle sent le regard insistant peser sur elle. Elle murmure un juron avant de reprendre

Ch'ais pas... Lui d'avoir depuis hier soir... et euh... je... j'avais plus rien sur moi... enfin... j'ai préféré tout garder pour lui donc... hum... doit faire... deux jours que... rien avalé...

Elle retient un soupir, de désespoir peut-être... Enfin, comment lui reprocher son peu de cas d'elle-même alors qu'il n'y a pas si longtemps.
Un rapide coup d'oeil tout autour de la cuisine, rien ne traine de dangereux pour un chérubin aventureux, mis à part de tros grosses bûches. Il avait tellement grandi, déjà tellement remuant... Comme sa mère...
D'autorité, elle le prend des bras de Kalian et le pose au sol, le laissant vadrouiller en réfléchissant à la collation.

Laisse le vivre ce môme. Tant qu'il bouge, il a pas faim. Tant qu'il a pas faim, on peut préparer ça.
Bouillie hein...

Elle passe dans la cave rapidement, remontant des légumes qui fanent de plus en plus à l'avancée de l'hiver, un jambon, un poulet.

On a acheté deux-trois trucs au marché, ça complétera.

Rapidement, elle se met à préparer le tout. Juste une collation avec du jambon et du pain frais pour nous, un peu de lait pour Geran... Faudra sortir du vin aussi...

S'activer sans réfléchir, parler un peu toute seule, laisser sa soeur se poser au chaud tranquillement...

Après avoir déposé les montures à la petite écurie (plus une remise amménagée à la va-vite), le Vicomte revint vers la maison, le froid se faisait moins vivace mais le vent était toujours là et son mantel n'était pas de trop pour le protéger de cette fraicheur nocturne.

Il passa la porte, accrocha à un meuble prévu à cet effet sa cape de Licorneux et frappa ses bottes contre le paillasson. Entendant des bruits provenant de la cuisine il s'y dirigea tranquillement, s'arrétant sur le pas de la porte pour contempler le spectacle. Son aimée préparant le repas, sa soeur non loin, et le petit crapahutant sur le sol.

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Sa soeur s'activait à préparer à manger, se parlant à elle même. Cela l'aurait fait rire en tant normal...

Si tu veux remettre en doute l'éducation que je donne à Geran te gêne pas surtout...

Elle s'apprêtait à en rajouter mais elle préféra se taire. Elle défit la cape qui la couvrait, la posant sur le dossier de la chaise, ne quittant pas Geran des yeux. Elle vit une ombre apparaitre à la porte. Le Maître des lieux étaient là, observant ce qui se passait dans la pièce.

Rhuyzar... Désolée de débarquer à l'improviste... J'espère ne pas déranger ?

Elle remua légèrement sur sa chaise, préférant ne pas croiser le regard de sa soeur qu'elle devinait mauvais... ou exaspéré... ou les deux.

Mettre l'eau à bouillir, préparer les légumes pour une soupe, chauffer le lait. Attention oups! Pas trop pour qu'il ne se brûle pas...

Je remets pas en cause, je te dis juste de le laisser s'amuser pour patienter, ça va pas être prêt tout de suite hein, je suis pas super rapide, pour le peu que je cuisine...

Un grand sourire aux lèvres, elle se tourne en entendant le nom de son ange, appuyé à la porte.

Alors mon Loup, rêveur on dirait? Tu nous couperais du pain et du jambon pour la demoiselle ici présente affamée en attendant la soupe? Il nous faudrait du vin aussi, tu as goût plus sûr.

Elle lui envoie un baiser du bout des doigts, se remettant vite à sa tâche. Pas question qu'ils aient faim chez elle, pas question que Geran maigrisse chez elle. Réchauffer le poulet en l'enfourant. Il fallait préparer la chambre aussi... Faire ronfler le feu qui faiblissait et en allumer d'autres pour chauffer les chambres... Et le salon...

Visage qui s'éclaircit, ses traits révélant un léger sourire en direction de Kalian et de son aimée. Il se rapproche lentement de sa panthère, l'enlace pour l'embrasser tendrement avant de se tourner vers la nouvelle venue.

Bonjour Kalian. Non tu ne déranges pas, au contraire, je t'en prie, prends tes aises.

Un clin d'oeil à Ilmarin et il part en direction de la cave, chercher une bouteille qui plaira à tout le monde.

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La scène s'offrant à ses yeux lui donnait presque envie de rire. Voir sa soeur cuisiner, son amant venir l'embrasser. Même les contes de fées ne leur arrivait pas à la cheville. Bref soupire, reportant son regard sur son fils qui gambadait. Leur laisser leur moment d'intimité, oublier l'être qu'elle venait de perdre... Mais aussitôt arrivé, aussitôt repartit, Rhuyzar s'engouffrait déjà dans les profondeurs de sa maison.

Bizarrement, Kalian se sentait mal à l'aise de se retrouver seule avec sa soeur. Cela faisait combien de temps...? Nouveau soupir alors qu'elle se lève d'un bond pour rattraper son fils tentant de se faufiler en dehors de la pièce.

Bon sang Geran! Tu comptes aller où comme ça? Tu peux pas rester tranquille deux minutes!

Les yeux ronds, plein de larmes, le gamin se laissa prendre sans difficulté pour être reposé près de la chaise au sol. Hésitation entre repartir à l'aventure, pleurer, demander les bras de sa tante se montrant bien souvent plus compréhensive que sa mère... Pleurer paraissait la meilleure solution...

Ca lui passera... J'peux t'aider à quelque chose ?

Ses mains si douces sur ses hanches, ses lèvres si tendres sur les siennes, son souffle délicat dans son cou. Et pouvoir le vivre au grand jour, chez eux. Et sa soeur qui reste quelque temps parmi eux. Une étrange onde de bonheur parcourt son dos, hérissant sa colonne plus intensément qu'une vague de sentiments. Plénitude et calme...
Elle tente de se reconcentrer sur son idée de repas rapide quand Kalian et Geran décident de se lancer dans un concours vocal, ce dernier ouvrant grand ses bras en pleurnichant vers elle.

Geran! Pas la peine de pleurnicher, ta mère a raison, tu ne sors pas de cette pièce seul, tu es trop petit!

Attrapant une carotte, elle en coupe un morceau et le tend au bout de chou, caressant ses cheveux.

Amuse toi avec ça plutôt et sèche ces larmes, tu es si mignon en riant.

Plissant les yeux et le front, elle lui fait une grimace bien moche en espérant le dérider un peu. Le voyant calmé par le légume inattendu, elle retourne près des fourneaux en attendant son Loup.

Je veux bien. Tu mets la table avant de t'occuper du biberon du petit? Il mangera mieux demain, la bouillie sera prête. Et il est crevé. Comme toi d'ailleurs.
Alors, tu viens d'où comme ça? Quelles nouvelles de l'Ouest? Des projets dans l'Est? Je veux tout savoir, comme d'hab'!

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Elle secoue la tête négativement, l'air désolé devant la grimace de sa soeur. Enfin, si ça calmait le monstre... La table... Un léger mouvement de sa soeur lui montre où prendre le couvert qu'elle commence à déposer sur la petite table. as le temps de dire ouf qu'une pluie de question lui tombe déjà dessus...

Je viens d'où...? Bof... Beaucoup voyagé ces derniers temps. Besoin de... de réfléchir un peu. Quand à ce qui se passe dans l'ouest, j'en sais fichtre rien. Et ici...

Elle commence à verser un peu de lait dans une casserole qu'Ilmarin lui avait donné, tout en réfléchissant. Des projets...

Tu sais très bien pourquoi je suis ici. Tu sais très bien que j'ai rien, en dehors de toi. alors des projets je vois mal comment en avoir.

Elle se retourne pour jeter un oeil à son fils, évitant soigneusement le regard de sa soeur. Le petit gazouillait au sol, attendant qu'on veuille bien enfin s'occuper de lui. La fatigue du voyage la rendait encore plus exécrable qu'à l'accoutumée.

Une forte envie de la serrer dans ses bras, de la réconforter lui retourne le ventre. Mais sa soeur est pâle, fatiguée et tendue. Elle verrait une fois qu'elle sera reposée. Trouver une autre idée pour lui faire comprendre son bonheur de la voir ici alors qu'elle pose un couvercle sur la marmite.

Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le veux. Et puis, qui sait, faire une nouvelle vie ici non?

Elle lui sourit doucement, avant de s'asseoir en reprenant ses grimaces vers son neveu.

Bon... Qui coupe le jambon? Si moi, je meurs de faim, j'ose pas imaginer toi!

Sa main a perdu tellement de forces ces derniers temps... Elle ne sait même pas si Rhuyzar s'en est rendu compte...

Un peu de temps s'était écoulé, l'envie de laisser les deux femmes se retrouver un peu sans sa présence, il avait fini par dénicher un vieux vin de jura poussiéreux, jaune comme il devait l'être bien entendu, un bon crû il l'espérait, ils ne recevaient pas souvent, bonne raison pour ne pas servir de la piquette, pas sur d'ailleurs qu'il en ait une seule bouteille...

Revenant dans la cuisine, il découvrit la table mise, tout le monde attablé, enfin si on pouvait dire qu'un machin haut comme trois pommes, rougeâtre et susceptible soit attablé...

Posant la bouteille sur un meuble pour la laisser décanter un petit peu, il s'approcha de sa panthère et l'enserra de ses bras, déposant un baiser sur sa joue.

Tu t'es encore débrouillée comme une chef mon ange, bravo.

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Les paroles de sa soeur la firent sourire. Refaire sa vie ? Comme si elle y songeait pour le moment... Bref, qu'importe. Le passé était le passé... A nouveau le maître des lieux revient, une bouteille à la main. Pas de refus ça... Ca réchaufferait un peu et requinquerait jusqu'à ce que le sommeil se décide enfin à venir.

Elle regarde l'homme venant d'entrer enlacer Ilmarin. Un couple parfait. Sa soeur avait enfin trouvé le bonheur. Impression d'être de trop d'un coup... Elle détourne la tête, portant son attention sur son fils. Faudrait qu'elle trouve rapidement de quoi se loger... Le lait ? Oui, il devait être prêt. Le verser dans une corne percée au bout, enroulée par un tissu que retenait un fil. Bibeonrs improvisés de l'époque avant que n'arrive les outils plus évolués quelques siècles plus tard.

Récupérant son fils, elle commença à lui donner le "biberon" évitant soigneusement de déranger le jeune couple. Un léger toussotement pour les déranger quelques secondes

Geran a besoin de dormir... Je... Indiquez moi où se trouve ma chambre, on va se reposer un peu. J'ai pas très faim toute façon et vous avez surement beaucoup à faire

Léger sourire tirant son visage fatigué. Après tout, même si Morphée n'était pas au rendez vous, un endroit confortable ne serait pas de refus pour ses muscles endoloris par la vie dure de ces derniers jours.

Rhuyzar regarda Kalian avec un étonnement teinté d'une pointe de gêne. Etait-ce son arrivée qui la déreangeait ? Peut-être avait-il interrompu une discussion importante entre les deux soeurs. Tandis que le bébé avalait goulumment le contenu de la corne, non sans bruit évidemment, le Vicomte vint prendre place à la table.

Après la route que tu as faite il serait tout de même plus sage que tu manges un peu. Ta chambre est prête bien sur pour quand tu voudras aller te reposer, mais tu n'es pas la malvenue ici, bien au contraire...

Il se releva pour aller quérir la bouteille ouverte, et vercer le précieux nectar dans leurs seuls verres de cristal qui restaient ici, la plupart de leurs affaires avaient déja fait route vers Delle, ne restait ici que de quoi vivre avec le confort auquel ils étaient habitués.

Son regard glisse entre Rhuyzar et Kalian, ne sachant comment faire pour que sa soeur comprenne la pleine place qu'elle a ici. Sa place...

Soit tu manges maintenant, soit je te prépare un plateau que je te laisserais dans ta chambre. Tes journées furent rudes, tu dois récupérer. Et je ne céderais pas.

Gardant une main dans celle de son Loup, elle s'approche et embrasse le front de sa soeur, sachant qu'elle se reculera, lui pinçant le coeur à chaque fois...
Puis prenant un verre, elle le lève vers eux, souriante.

A nous, à toi ma belle, à toi mon amour. Et que la joie nous sourit enfin!

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Un soupire. Besoin de solitude plutôt que de "fêter" son arrivée ici. Besoin de repos aussi... Un lit... Depuis combien de temps n'en avait-elle pas eu le droit ? Et puis... Elle prend un verre elle aussi, qu'elle lève.

A vous deux surtout. Je mangerai plus tard. Au pire, un plateau, mais pour l'instant... Je vais me reposer plutôt et vous laisser seuls.

Elle but une gorgée de vin avant de reposer le verre sur la table. Le gamin avait fini de boire son lait. Lui aussi avait besoin de repos. Elle le prit dans ses bras, saluant Ilmarin et Rhuyzar.

Dites moi juste où se trouve ma chambre, je me débrouillerai pour trouver. Et t'inquiète pas pour le plateau, je mangerai plus tard, quand je serai reposé

La batisse a beau être grande, il ne devrait pas être dure de trouver l'endroit où elle devait dormir pour quelques nuits. Avec de bonnes indications...

Le Vicomte trinqua à son tour, avant de reposer son verre vide sur la table, suivant la conversation des deux soeurs, un petit sourire en entendant que Kalian se pliait devant Ilmarin et mangerait au moins plus tard.

Il se leva à son tour et se tourna vers son aimée:

Mon amour, tu lui prépares de quoi se nourrir pendant que je vais lui montrer sa chambre ?

Un regard en direction de Kalian:

Je vais te montrer le chemin et t'aider à porter tes affaires, avec le petit ça ne va pas être facile sinon.

Je laisserais de quoi manger ici, tu auras plus de choix si tes faims se réveillent ma puce.

Un sourire avant de rassembler jambon, quelques fruits, le pain frais, des couverts, le vin et un pichet d'eau sur un plateau, la nourriture recouverte d'un torchon propre au parfum léger.

Voilà, tout sera prêt pour ta visite nocturne.

Sur ces derniers mots, une chandelle est placée près du plateau, une autre près de la porte, des allumoirs disposés à côté de chacune.

Sur ce, dormez bien tous les deux, nous nous verrons demain je pense. Sauf si tu fais la marmotte, je sors souvent me promener. Tu es comme chez toi ici d'accord? Sers toi et n'hésite pas à fouiller.

Une bise à sa soeur, un énorme calin et quelques mots murmurés rapidement à son neveu avant de le redonner à sa mère et elle disparait rapidement dans les couloirs en chantonnant. Son dos la lance, sa jambe aussi, espérant qu'elle ne boîte pas trop. Pas devant eux en tout cas... Un peu de repos avant...

Laissant faire sa panthère, le Vicomte profita de la discussion des deux soeurs pour débarasser et ranger ce qu'il restait sur la table, la vaisselle attendrait bien le lendemain, elle avait l'habitude...

Ilmarin préparait le séjour de Kalian, Rhuyzar attendait patiemment qu'elle ait fini avant de saluer son hôte et son fils qui semblait déja ailleurs, il était tard pour un petit homme de cet âge venant de faire une longue route...

Silencieusement il se glissa dans les couloirs, suivant son aimée, la rattrappant bientôt pour passer un bras autour de sa taille, déposant un baiser sur sa joue.

Tu veux faire un petit tour par le jardin avant de rentrer mon coeur ?

Sa main se pose sur la sienne, mêlant leurs doigts, s'y agrippant. Sa joue s'approche pour chercher encore un baiser, un sourire s'étirant lentement sur ses lèvres.

Oui c'est une bonne idée mon ange. La nuit va tomber et elle n'est pas trop fraîche, on va regarder les étoiles un peu...

Son autre main tate une de ses poches. Le petit paquet est là, elle cherchait une occasion pour lui donner, ce serait peut-être l'instant idéal... A l'unisson, leurs pas s'éloignent vers le jardin, peau contre peau, chaleurs mélangées de coeurs qui battent à l'unisson.